Les chefs d’entreprise des PME sont épuisées et certains plus que d’autres. Ainsi, une étude, publiée en février 2021 par l’observatoire Amarok, spécialisé dans la santé du dirigeant établit que le taux de burn out de cette catégorie de population est passé de 1,75 % en 2019 à 10,41 % en ce début d’année 2021. Les principaux facteurs de ce mauvais état de santé sont: le stress, l’incertitude et la pression de la concurrence, la surcharge du travail, le manque de sommeil et surtout, depuis plus d’un an, le « syndrome d’empêchement ».
Pourtant les chefs d’entreprise sont complètement exclus du champ réglementaire de la santé au travail, alors même que le dynamisme économique d’un pays repose sur leur esprit d’entreprise et d’innovation. Selon l’INSEE, les PME représentent 10 millions d’emplois alors que les grands groupes occupent 4,5 millions d’emplois et la fonction publique 5,6 millions. C’est dire le poids économique et social des PME..
La COVID 19 laisse des secteurs entiers de notre économie anémiques, exsangues ou en suspens . Toute la société doit faire preuve d’empathie et de créativité pour renouer avec son énergie productive porteuse de projets et d’espoir d’une qualité de vie meilleure sans laisser personne sur les bas côtés. Les chefs d’entreprise et leurs équipes se retrouvent au coeur de ce défi.
La survie de leur entreprise en dépend directement de leur bonne santé.
En 2017, une étude auprès de 234 dirigeants sur le lien entre la santé du chef d’entreprise et la bonne santé de l’entreprise a été menée par l’Université de Nantes et le Laboratoire d’économie et de management, (sous l’initiative de l’association 1nspire)
Quels sont les constats de cette enquête ?
- 35 % étaient en zone d’équilibre: bonne santé du dirigeant et bonne santé de l’entreprise
- 34 % en zone d’alerte: santé dégradée du chef d’entreprise et gestion dégradée de l’entreprise
- 17% en zone de surchauffe: santé dégradée du dirigeant mais bonne santé de l’entreprise
- - 15 % en zone de protection: bonne santé du dirigeant mais santé dégradée de l’entreprise
Donc pour plus d’un tiers la mauvaise santé du chef d’entreprise a un impact direct sur la santé de son entreprise et pour 17% la mauvaise santé du dirigeant met en surchauffe l’entreprise et risque de la faire basculer dans la zone d’alerte.
Plus que jamais les entrepreneurs doivent développer des qualités d’endurance et de résistance mentale, de stabilité émotionnelle face à l’adversité et l’incertitude pour garder le cap avec confiance et calme. En ce sens ils sont comparables à des sportifs de haut niveau qui enchaînent, compétition sur compétition. Mais en plus et en même temps, tels des entraîneurs, ils doivent motiver des équipes qui sont pour la plupart, éclatées en télétravail. Un sacré défi !
Le chef d’entreprise est un champion qui s’ignore et qui ignore les lois de la performance durable, respectueuse des règles physiologiques et psychologiques.
Je le constate pratiquement quotidiennement dans mon activité professionnelle. Depuis près de 30 ans, j’entraîne des chefs d’entreprise et leurs équipes à développer leurs compétences comportementales et relationnelles, ces compétences transversales nécessaires et même indispensables pour acquérir et conserver la maîtrise personnelle en toutes circonstances aussi bien individuellement que collectivement.
Le corps est le grand oublié. Le chef d’entreprise est avant un cérébral.
Les signaux corporels d’alerte ne sont pas (ou peu) écoutés. Si une activité physique est pratiquée pour se détendre, très souvent elle est faite avec le même état d’esprit de tension et d’obligation de résultats en termes de chrono, d’intensité, d’effort et de douleur selon la norme « si je n’ai pas mal, c’est que je n’ai rien fait » !
Pourtant c’est grâce au corps et par le corps que nous accédons à tout notre potentiel de maîtrise personnelle. C’est elle qui nous permet de décupler la puissance de travail dans le calme, la confiance et le plaisir pour conduire les projets et de piloter les actions et le changement en toute lucidité.
La maîtrise personnelle se traduit par une stabilité émotionnelle à toute épreuve, en toute situation.
La stabilité émotionnelle est la clé d’accès au potentiel de créativité et d’adaptation. C’est aussi grâce à elle qu’il devient possible d’adopter une posture « méta » pour observer et intervenir, tel un metteur en scène ou un caméraman, sur la nature de nos pensées négatives, de nos émotions perturbatrices, sources de stress et de mauvaises décisions.
La stabilité émotionnelle constitue le socle pour accéder à toutes nos qualité socio comportementales qui font l’actualité de la presse spécialisée en management sous le terme de « Soft Skills » et qui sont présentées comme étant de véritables avantages concurrentiels: compétences de gestion des pressions et du stress, compétences de communication, de maîtrise personnelle, d’empathie, d’écoute, de créativité, de cohésion d’équipe, etc..
L’équilibre « Corps-Coeur-Tête » est la base d’une santé optimale.
Etre en bonne santé ce n’est pas seulement ne pas être malade. C’est un ensemble systémique qui allie pleine forme physique, pleine forme émotionnelle et pleine forme mentale selon les principes de l’homéostasie.
Le corps y retrouve une place d’honneur car il constitue la porte d’entrée dans une spirale vertueuse:
- en agissant sur le corps de façon adaptée, on agit sur les émotions
- les émotions interfèrent sur le mental et la qualité de l’attitude mentale (face aux évènements du quotidien)
- qui en retour, renvoie au corps une énergie positive
Le corps enseigne à la tête (émotions, mental) qui enseigne, à son tour, au corps !
Ce n’est là encore qu’une affaire d’entraînement. Tout processus d’entraînement débute par une prise de conscience: penser à faire des stop arrêts réguliers pour apprendre à observer ce qui se passe en soi (pensées, émotions, respiration, tensions corporelles, ...).
Bon entraînement !